Le retour des roses sauvages

Le retour des roses sauvages

Lors des fêtes des plantes nous entendons souvent des personnes qui nous interpellent : « Vos plantes là, ce ne sont pas de vrais rosiers ! ». C’est pourquoi nous avons décidé de mettre en avant les rosiers botaniques.

Présents depuis très longtemps sur notre planète, les rosiers sauvages (ou botaniques ou bien encore plus communément églantiers) sont peu connus. Outre le rosa canina, que l’on trouve encore dans nos haies, il existe 160 à 180 botaniques purs et environ 350 hybrides naturels, tous originaires de l’hémisphère nord.

Très différents des variétés créées aujourd’hui, ils ont de nombreux atouts. Malgré leur ancienneté, ils sont dans l’air du temps car ils demandent un entretien réduit et n’ont pas besoin de traitements phytosanitaires. Même si leur floraison est le plus souvent unique, elle est très généreuse et suivie d’une fructification extraordinaire. Ils forment de grands arbustes voire des lianes très vigoureuses. Leur originalité peut aussi s’exprimer par la couleur de bois de l’année, le feuillage changeant à l’automne ou bien encore par la curiosité de leurs aiguillons. D’autre ont même des feuillages avec des parfums inattendus.

De nos jours, quelques créateurs de roses ont recours à ces belles sauvages pour apporter du nouveau dans un monde où tout n’est qu’uniformité.

Floraison

La majorité des rosiers botaniques ont une floraison plus précoce que la plupart des hybrides. Chaque année c’est le Rosa ecae qui offre les premières églantines dès le mois d’avril, originaire d’Afghanistan, il porte de petites fleurs simples jaune d’or. Ses feuillent sont très fines et on pourrait facilement le confondre avec une potentille.

Avec quelques jours de décalage, les pimpinellifolia (ou spinosissima) offrent ensuite leur généreuse mais courte floraison le plus souvent blanc crème à jaune, parfois rose pâle voire carmin pour le Rosa pimpinellifoliaRubra. Les banksiae et les roxburghii prennent le relais jusqu’à fin avril-début mai suivi par le reste du bataillon. Rosa foliolosa, Rosa myalis, Rosa phoenicea, Rosa elegantula sont les plus tardifs car ils ne fleurissent qu’à partir de fin juin voire juillet.

Les époques de floraison citées précédemment diffèrent selon les régions et la précocité du printemps.

Rose ecae

À l’exception de l’orange on retrouve une large palette de couleurs :

  • Jaune : Rosa ecae, Rosa hugonis, Rosa xanthina, Rosa primula, Rosa hulthemiaPersica, et enfin le rosa foetida à l’origine de Soleil d’or la première variété horticole contenant du jaune.
  • Rose clair : Rosa willmottiae, Rosa webbiana, Rosa majalis, Rosa Carolina, Rosa caninaBlondeana.
  • Rose moyen : Rosa coryana, Rosa dumalis, Rosa folliolosa, Rosa glutinosa, Rosa macrophylla.
  • Rose foncé : Rosa arkansana, Rosa forrestiana, Rosa moyesii.
  • Rouge : Rosa moyesiGeranium, Rosa chinensisSanguinea.
  • Vert : Rosa chinensisviridiflora.
  • Blanc : Rosa alba Maxima, Rosa alba semiplena, Rosa beggeriana, Rosa bracteata, Rosa cymosa, Rosa fedtschenkoana, Rosa gigantea, Rosa moschata.

Parmi les rares remontants, on ne peut pas ne pas citer le rosa chinensisMutabilis. Bien exposé, ce rosier fleurit de façon continue jusqu’aux gelées. A cause de la multitude de ses couleurs (jaune chamoisé, cuivré, carmin, violacé) on le surnomme également le rosier caméléon. Il peut malheureusement se montrer frileux dans le nord et l’est de la France. La rosa Moschata aussi appelé rose musquée à cause de son parfum, est à l’origine de nombreuses créations anglaises du début du 20 ème siècle encore beaucoup plantées : Félicia, Ballerina, Buff Beauty, Pénéloppe,…

En pleine floraison Rosa californicaDeep Pink et Rosa multifloraAdenochaeta se font remarquer à plusieurs mètres grâce à leur parfum puissant.

Les cynorrhodons, le plus déco des églantiers

Même s’ils ont une floraison unique au printemps ou en début d’été, les rosiers sauvages nous gratifient souvent à l’automne d’une seconde période colorée. A partir de fin août ils portent des cynorrhodons appelés plus vulgairement « gratte-cul », ce sont en fait des faux fruits, les vrais fruits étant les akènes que l’on sème. La forme des cynorrhodons est très variable, tantôt ronds, tantôt allongés, piriformes, en forme de bouteilles ou bien d’amphores. Les roxburghii sont très curieux, en plus de leur bois qui se desquame, ils nous offrent durant une courte période des gros fruits globuleux ressemblant  à des bogues de châtaignes d’où leur nom de Chesnut Rose.

La palette de couleur est aussi très variées, si le rouge et l’orange prédominent, on peut aussi admirer quelques jaunes (Rosa moyesiiEddie’sJewel ou Rosa moyesiiEddie’s Crimson) mais aussi des noirs ressemblant à du cassis. C’est les cas du rosa illiensis et de plusieurs pimpinellifolia (Rosa pimpinellifolia Maxima, Rosa pimpinellifoliaChlorocarpa). Ce sont les rugosa qui forment les plus gros fruits, notamment Scabrosa.

Attention, les rugosa ne sont pas tous fructifères, les variétés remontantes n’offrent pas cette décoration automnale. Le champion reste le rosa gigantea dont les fruits consommés dans certaines régions d’Asie peuvent atteindre 4 cm. de diamètre.

Cynorrhodons

Cynorrhodons variés

Voici quelques autres espèces aux fruits décoratifs : Rosa carolina, Rosa andersonii, Rosa caninaKiese, Rosa arkansana, Rosa pendulina, Rosa moyesiigeranium, Rosa malmudiarensis, Rosa woodsiiFendleri, Rosa macrantha, Rosa nutkana,Rosa sweginsowiimacrocarpa…

Très riche en vitamine C, la pulpe est souvent utilisée pour la confection de gelée. On peut également réaliser des décoctions. Il est important de supprimer les poils urticants car très irritants pour la peau et les muqueuses. En Amérique du Sud le rosa rubiginosa est très utilisé en cosmétique.

Les rosiers n’ont pas d’épines

Il est important de rappeler ici que les rosiers n’ont pas d’épines mais des aiguillons. Ces derniers ne tiennent qu’à l’écorce, vous pouvez les enlever sans causer de dégâts sur les rameaux. En revanche, si vous essayer d’ôter une épine sur un acacia vous  risquer d’endommager tout l’épiderme. Les variétés qui en sont dépourvues sont dites inermes, c’est le cas du Rosa banksiaeLuteaPlena.

Le Rosa omeiensisPteracantha et le Rosa omeiensisChrysocarpa possèdent les plus beaux aiguillons. Ils forment des ailettes rouge rubis pour le premier, rouge pourpre pour le second. Ses ailettes translucides durcissent en fin d’été, brunissent et finissent par devenir opaques, c’est pourquoi il est important de planter de tels sujets à contre-jour. Ils sont également appelés rosiers soyeux.

Rosa omeiensisPteracantha

Aiguillons de Rosa omeiensisPteracantha

Avec ses petits aiguillons blanc et son feuillage le rosa stellata (originaire des déserts de l’Arizona et du Mexique) ressemble légèrement à des groseilliers.

Sur les espèces suivantes les aiguillons sont mis en valeur par la couleur du bois : Rosa farreri, Rosa acicularis, Rosa melina, Rosa willmottiae.

Feuillages décoratifs et parfumés

S’il est un  autre atout des rosiers sauvages, c’est le feuillage, tantôt décoratif, tantôt parfumé.

Rosa glauca ou rubrifolia est très original, ses feuilles sont glauques sur le dessus et pourpres sur le dessous. Ce rosier un peu grêle fructifie très bien et se ressème facilement. Rosa fedtschenkoana, rosa hulthemiapersica et rosa pendulinapyrenaica sont également bleutés.

Rosa rubrifolia

Rosa rubrifolia

Avec son port rampant Rosa multiflorawatsoniana ne ressemble guère à un rosier, ses folioles sont très fines, il faut être bien observateur pour apercevoir ses minuscules fleurs blanches d’à peine 2 mm de diamètre.

On retrouve la forme des feuilles de chanvre (cannabis) dans le rosa cannabifolia.

En climat doux, certaines espèces se montrent persistantes: rosa laevigata et ses deux hybrides (Anémone à fleurs roses et Ramona ou RedCheerokee à fleurs rouges), rosa mulligani, rosa longicuspis, les rose de banks, rosa cooperiburmese, rosa sinowislonii. Il faut en revanche leur prévoir un emplacement de choix car ce sont tous des lianes.

Le rosa primula, en plus de lancer la saison des roses avec sa floraison précoce, nous gratifie par temps chaud d’un puissant parfum d’encens exhalé par son feuillage fin. Rosa rubiginosa dégage quant à lui des arômes de pomme lorsque l’on froisse ses feuilles. Le moins connu est le rosa X terebintinacea qui rappelle la térébenthine.

Culture de rosiers en pleine terre

Rosiers en pleine terre

Une culture des plus simples

Il est possible de semer les purs botaniques, hélas les résultats ne sont pas toujours fiables, on observe souvent une hétérogénéité et nous ne sommes pas à l’abri de croisements naturels. Les plants obtenus de semis mettent plus de temps à arriver à maturité. C’est pour cela que nous les greffons tous sur rosa laxa. Ce porte-greffe a l’avantage d’être résistant au froid et la sécheresse, ils s’adaptent dans tous les terrains même calcaires. Greffés, les botaniques restent ainsi fidèles à l’espèce d’origine.

Comme tous les rosiers, il faut privilégier une plantation à racines nues à l’automne. L’entretien annuel se limite à une légère taille de nettoyage et éventuellement de formation, il ne faut pas oublier qu’à l’état naturel personne ne s’en occupe, comme ce sont des espèces primitives ils sont naturellement résistants aux maladies. Les municipalités s’orientent de plus en plus vers ces végétaux dans les espaces sauvages ou bien dans les haies libres.

N’hésitez pas à visiter la roseraie Loubert en mai-juin pour la floraison ou bien en septembre-octobre pour les cynorrhodons. Vous retrouverez également toutes nos variétés sur notre site.