Au fil du temps et les jardins devenant plus présents dans la vie de notre pays, on en est arrivé à trouver des plantes un peu partout, et jusque dans les supermarchés. La qualité suit rarement et les vrais professionnels sont noyés dans la masse. Un peu de mise au point.
Tout et n’importe quoi
Les vingt ans qui ont suivi la dernière (à ce jour) guerre mondiale ont vu chez nous un fantastique regain d’intérêt pour les plantes et les jardins, tant ornementaux que vivriers.
Cet engouement a été suivi de l’explosion du marché des végétaux, avec, hélas, d’inévitables dérives. Ainsi, on est passé, en moyenne, de producteurs locaux, exerçant dans un rayon limité et faisant tout eux-mêmes de A à Z, à de la grande distribution, des productions industrielles à diffusion mondiale et des végétaux présents partout : sur place, toujours, puis dans des fêtes des plantes, dans le concept nouveau des jardineries, et maintenant jusque dans les supermarchés et autres surfaces de bricolage.
L’amateur ne sait plus à quel saint se vouer pour distinguer le bon grain de l’ivraie, d’autant qu’une bonne partie de la transmission des savoirs, autrefois assurée par des parents ou grands-parents encore assez proches de la terre, n’a plus lieu aujourd’hui.
La grande distribution
Elle est censée offrir un large choix à bas prix. Voire… Le choix, tout d’abord, n’est pas si grand et les prix pas toujours compétitifs, et de loin. De plus, les produits offerts, rarement conservés dans de bonnes conditions, quand ils ne sont pas tout simplement hors-saison, n’offrent que rarement la qualité attendue (substrats insuffisants, plantes « gonflées » à l’engrais…).

Le chant des sirènes : Les plantes offertes en grande distribution, issues de diverses cultures industrielles, sont souvent « gonflées » et peu aptes à reprendre efficacement au jardin.
Ajoutons que le conseil, quand il existe (les vendeurs sont peu nombreux, même dans les jardineries), est rarement adapté.
Vers qui se tourner ?
Les fêtes des plantes
Communes aujourd’hui, elles ont eu le mérite de faire sortir de l’ombre des professionnels de qualité, souvent méconnus, qui cultivent eux-mêmes les végétaux qu’ils vendent et savent en parler de façon adéquate. C’est un « plus » inestimable, car les plantes achetées là ont alors les meilleures chances de pousser chez vous.

Les fêtes des plantes offrent un vaste choix de pépiniéristes producteurs, riches en conseils et permettant au consommateur de faire un choix en connaissance de cause.
Encore faut-il savoir distinguer un pépiniériste producteur, qui fait tout lui-même, par semis, bouturage ou greffage, d’un simple revendeur qui achète la veille à un gros producteur et revend sans états d’âme… et sans plus de connaissances que vous (voire moins). Et là encore, le loup peut se trouver déguisé en grand-mère, avec un aspect séduisant qui n’est qu’une façade, avec rien ou très peu derrière.
Si vous avez un tant soit peu de savoir de jardinier, examinez la marchandise offerte, en ne vous arrêtant non pas aux plantes les plus jolies, mais aux plus vigoureuses.

Assez, pas trop … L’examen de la motte de racines d’une plante en godet ou conteneur vous renseignera sur sa qualité : toute la terre doit être conquise par les racines, sans excès.
Et n’hésitez pas à interviewer le vendeur : vous saurez très vite à qui vous avez à faire.
Nous ne saurions trop vous inciter à faire du tourisme et à aller dans les pépinières dont la marchandise vous a séduit : c’est plus instructif que tout. Surtout quand il y a un jardin lié à l’établissement. C’est d’autant plus utile que, même dans d’excellentes fêtes des plantes, se glissent de simples revendeurs qui ignorent tout de la qualité de leurs végétaux.
Des valeurs sûres
L’élite, à l’inverse, est sans doute représentée par les pépiniéristes collectionneurs, qui s’attachent à un genre (fuchsias, buddléias, géraniums…) ou à un groupe de plantes (fougères, graminées…) ou encore à un milieu (plantes d’ombre, de bord de mer…). Ceux-là ont en plus à cœur de collecter et conserver tout ce qui correspond à leur gamme, y compris des végétaux qu’ils ont peu de chances de vendre, pour le simple maintien de la diversité écologique.
Ne vous y trompez pas : l’établissement de ce type de collection est coûteux, demande du temps et ne rapporte rien. C’est une activité de passionné, mais qui donne une connaissance incomparable d’un ensemble de plantes, avec le bénéfice pour l’acheteur, côté pépinière pure, de conseils adéquats
Et côté budget ?
Les prix sont parfois une pierre d’achoppement :
« C’est cher, chez les pépiniéristes », a tendance à dire le consommateur soucieux de son porte-monnaie. Croyez-vous ?
Dites-vous qu’il mieux vaut acheter plus cher (et ce n’est pas toujours le cas) une plante qui poussera qu’une autre, moins coûteuse, mais qui crèvera. Gare aux économies ruineuses…
Il faut savoir ce que l’on aime
A vous de faire les bons choix. Et pensez également à ce qu’est ce métier dur, sans horaires ni subventions, souvent sans vacances et tributaire des aléas de la météo.
Dites-vous également que nombre de ces professionnels ne gagnent pas le SMIC et que malgré ça, le catalogue français reste un des plus riches du monde.
Si vous voulez que ça dure…